4 3 2 1

Roman de Paul Auster

Editions Actes Sud

Date de parution en France : 2018 (Traduction de Gérard Meudal)

« 4 3 2 1 » est un livre hors du commun. Ce roman est un tour de force littéraire dans lequel le lecteur se plonge avec bonheur. Car le projet de Paul Auster est en effet assez incroyable : raconter la vie d’un personnage, Ferguson, de quatre manières différentes. Un seul personnage mais quatre destins. Réunis en un seul roman.

Comme beaucoup d’histoires américaines, tout commence à Ellis Island, point d’arrivée de millions d’immigrés européens. Le grand-père du héros a quitté les confins de l’Europe centrale pour tenter sa chance en Amérique. Il surmonte beaucoup de difficultés mais parvient à s’y installer, à construire un foyer. Archie Ferguson, le petit-fils, naît quelques décennies plus tard. L’auteur se concentre sur l’enfance, l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte de ce personnage, sorte de double littéraire qui vit donc quatre existences différentes. A quoi tient le destin d’un homme ? Aux choix personnels, aux rencontres, à la fatalité, au hasard, à la chance… De façon vertigineuse, l’auteur nous parle de la fragilité de toute vie humaine. Nous sommes tous ballottés par des événements qui nous dépassent : que surviennent un divorce, un décès prématuré, un fait divers, une histoire d’amour, le déclenchement d’une guerre et nos vies prennent un chemin auquel nous n’étions pas forcément préparés…

Un point commun toutefois dans ces quatre destins singuliers : le goût de la chose littéraire. Ferguson est passionné par les grands auteurs et par l’écriture. Il devient apprenti écrivain ou bien journaliste. Il a la chance de partir à Paris pour assouvir sa passion pour les poètes français ou il couvre, pour le journal de son université, les manifestations étudiantes et les blocages qui on lieu à Columbia. A New York, il fait éditer de façon confidentielle ses écrits avant-gardistes. A Londres, grâce à ses relations, il rencontre un grand éditeur qui l’aide à lancer sa carrière de jeune écrivain prometteur… La vie est pleine de surprises et de bifurcations possibles.

Comment de pas tomber amoureux de New York en lisant Paul Auster ? La ville est l’un personnages principaux de « 4 3 2 1 » . Harlem, Greenwich Village, Broadway, l’Upper West Side et tant d’autres endroits sont la toile de fond de cette quadruple histoire passionnante et addictive. L’auteur aime sa ville et la rend familière à ses lecteurs. On a envie d’y aller pour flâner à Central Park ou boire un café dans les quartiers étudiants. Paul Auster est un auteur prolifique : « Brooklyn Follies« , « Cité de verre » , « Moon Palace » et beaucoup d’autres livres mettent New York à l’honneur. J’ai hâte de les découvrir.

Un jour de pluie à New York

Affiche du film (source: https://cinedweller.com )

Film de Woody Allen

Avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez, Jude Law

Date de sortie en France: 18 septembre 2019

Ashleigh (Elle Fanning), apprentie journaliste à l’université de Yardley, décroche l’interview d’un cinéaste qu’elle admire. Elle doit se rendre à Manhattan et embarque avec elle son fiancé Gatsby (Timothée Chalamet). Celui-ci est enchanté de pouvoir faire découvrir tous les endroits qu’il affectionne dans cette ville où il a grandi et où il a tous ses repères. Mais très vite, les événements auront raison du programme romantique imaginé par le jeune homme. Ashleigh, débordante d’énergie et un brin naïve, va vivre une journée insensée qui ira au delà de toutes ses attentes au gré de péripéties imprévues et inespérées. Son compagnon, désœuvré, aura lui aussi son lot de rencontres inattendues (avec un ancien camarade de lycée, la sœur d’une ancienne petite amie, une escort girl…). Le personnage de Gatsby est particulièrement intéressant. Sorte de double du réalisateur, il vit à une époque qui ne lui convient pas, ses goûts le portent vers des univers qui semblent dépassés… Le décalage entre les deux protagonistes va devenir de plus en plus flagrant à mesure que se déploie l’intrigue.

Le charme indéniable du film tient en bonne partie à la mise-en-scène très fluide que propose Woody Allen. Aux averses récurrentes qui surprennent les personnages succèdent des rayons de soleil magnifiquement mis en lumière. Dans ce New York sublimé, les personnages sont sans cesse bousculés par les événements dans une succession de scènes réjouissantes. Quelques dialogues d’anthologie parsèment le film, notamment celui entre Gatsby et sa mère. Cette dernière prend acte de la nouvelle maturité de son fils et lui dévoile une partie très surprenante de sa vie longtemps gardée secrète…

New York, la ville de tous les possibles pour quiconque se laisse porter par les événements, les rencontres. Tel semble être le message du film. Le temps de cette journée pluvieuse, Ashleigh et Gatsby se sont confrontés à cette délicieuse possibilité de voir leur vie être bouleversée et leur destin se réaliser.