Graciela Iturbide

Heliotropo 37

Exposition temporaire à la Fondation Cartier pour l’art contemporain

12 février – 29 mai 2022

Quelle chance d’avoir pu découvrir l’œuvre de la photographe mexicaine Graciela Uturbide à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, très beau lieu dans lequel le travail de cette artiste est magnifiquement mis en valeur.

Graciela Iturbide a débuté sa carrière de photographe dans les années 60-70 et cette exposition rend compte de la diversité des axes de travail et des sujets de prédilection qui ont retenus son attention : les peuples indigènes du Mexique et des autres pays d’Amérique latine, les fêtes populaires, la grâce des paysages, la nature brute… Se dégage de ces clichés en noir et blanc une atmosphère très particulière, mystérieuse, inquiétante parfois. Les images sur le culte des morts, si important au Mexique, sont fascinantes. Elles nous plongent dans cette réalité quotidienne teintée de magie et de surnaturel.

Le Mexique tient une place évidemment importante dans son oeuvre mais la photographe a aussi beaucoup voyagé, aux Etats-Unis, en Afrique, en Amérique du Sud…En Inde, pays fascinant par bien des aspects et très photogénique, elle réalise de très belles prises de vue et des portraits d’hommes travestis notamment. Graciela Iturbide réalise, tout au long de sa vie, de magnifiques portraits dans lesquels elle capte quelque chose d’unique dans le regard de ses modèles.

Pour en savoir plus :

La page de la Fondation Cartier : https://www.fondationcartier.com/expositions/graciela-iturbide

Une émission consacrée à Graciela Iturbide sur France Inter (L’heure bleue, le 16 février 2022) : https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-bleue/l-heure-bleue-du-mercredi-16-fevrier-2022

Le Monde de Steve McCurry

Exposition au musée Maillol de Paris

Jusqu’au 29 mai 2022

L’exposition consacrée au grand photographe américain Steve McCurry au musée Maillol est un enchantement ! Plus de 150 clichés sont proposés au public, tous plus beaux les uns que les autres. La passion du voyage et de la rencontre est au coeur de son travail, débuté dans les années 70. L’approche humaniste du photographe est émouvante et passionnante. Steve McCurry n’a cessé d’aller au contact des autres, aux quatre coins de la planète.

L’Afghanistan, l’Inde, le Pakistan sont des pays qui le passionnent. Il s’y rend à de très nombreuses reprises, parfois au risque de sa vie. Kaboul, Srinagar, Mumbaï, Karachi… Steve McCurry va partout et, au prix d’une patience infinie, réalise des clichés d’une beauté stupéfiante. Les portraits ont fait sa renommée car il sait capter quelque chose d’unique dans le regard des personnes qui lui font confiance.

Cette rétrospective est formidable car le visiteur voyage au Mali, au Cambodge, au Brésil, en Chine, au Yémen… La beauté à couper le souffle des paysages ensorcèlent, les couleurs sont vives, éclatantes. Et la condition humaine, une obsession.

Ces dernières années, Steve McCurry a été témoin d’événements terribles. Il est en effet présent à New York le 11 septembre 2001 de même qu’il se rend au Japon après l’effroyable tsunami de mars 2011. Face à ces catastrophes, face à l’indicible, Steve McCurry a utilisé son savoir-faire et son art pour garder une trace, pour que la mémoire de ces tragédies demeure. Depuis près de 40 ans, beauté et dureté sont intimement liées dans son travail. Cette exposition en rend magnifiquement compte.

Site du musée Maillol

Dora Maar

Dora Maar

Exposition du Centre Pompidou à Paris

Du 5 juin au 29 juillet 2019

Dora Maar n’a pas seulement été la muse de Pablo Picasso. Sa vie a été bien plus riche et remplie que l’on croit. C’est ce que veut montrer l’exposition qui lui est consacrée au Centre Pompidou.

Elle débute sa carrière au début des années 30 après des études artistiques dans les domaines des arts décoratifs, de la photographie et du cinéma. Son histoire est celle d’une émancipation par l’art, et c’est à la photographie qu’elle se consacre dans un premier temps. Toute la première partie de l’exposition est consacrée à ses premiers travaux pour la mode et la publicité. La période est celle de l’essor de la presse illustrée. Elle travaille pour des revues littéraires, des revues de charme et se met aussi au service de marques, encore connues aujourd’hui, comme Pétrole Hahn ou Ambre Solaire. Le point commun de ces différentes réalisations est de mettre en avant la beauté féminine. Un modèle, Assia, attire particulièrement l’attention. Dora Maar la photographie nue à de nombreuses reprises, dans des clichés d’une grande sensualité. Assia Granatouroff est appréciée par de nombreux peintres et photographes de l’époque et fait pleinement partie de ce Paris artistique si foisonnant des années 30 auquel Dora Maar réussit à s’imposer.

La vie de Dora Maar est marquée par de nombreuses rencontres. Elle travaille et se lie d’amitié avec Jacques Prévert, Jean Cocteau, Paul Eluard, Yves Tanguy… Comme eux, elle épouse les causes politiques de l’époque en s’engageant à l’extrême-gauche. Son militantisme est visible dans son travail. Elle se rend en Espagne dans une période de profonds bouleversements politiques (la République espagnole est proclamée en 1931) et photographie la ville de Barcelone. Elle va aussi Londres où elle s’intéresse à la vie dans la rue, et aussi dans la Zone de Paris, immense bidonville qui entourait la ville à l’époque. Dans ces déambulations urbaines, son travail s’apparente à un travail journalistique.

Ces années 30 sont aussi celles du mouvement surréaliste auquel Dora Maar participe pleinement. Entre 1934 et 1936, elle produit une vingtaine de collages et photomontages dans lesquels elle explore son inconscient et différents thèmes comme l’érotisme, le sommeil, le monde de la mer… Avec « Portrait d’Ubu » (qui représente ce que l’on devine être un tatou), Dora Maar pénètre même dans le monde de l’étrange et du fantastique où les frontières entre l’humain, l’animal et le végétal sont brouillées.

La rencontre avec Picasso a lieu pendant l’hiver 1935-1936. Elle devient sa compagne, sa muse et leurs échanges intellectuels et artistiques sont féconds pendant les huit années de leur relation. Elle est présente par exemple au moment de la création de Guernica dont elle photographie les différentes étapes de réalisation. Elle est représentée par la suite dans de nombreux portraits qui feront sa renommée. La peinture prend une place de plus en plus importante dans sa vie. Elle réalise des portraits de Picasso ou l’influence cubiste est évidente.

Au sortir de la guerre, elle est reconnue en tant que peintre. Elle se retire peu à peu dans une vie solitaire, proche de la nature. Ses œuvres en témoignent : paysages abstraits, natures-mortes. Pendant de longues années, elle poursuit ses recherches artistiques, sans exposer son travail. Dans les années 80, elle revient même à la photographie, sa discipline première. Sa vie s’achève en 1997, une vie consacrée à l’art, entre ombres et lumières.