Tremblements

Film de Jayro Bustamente

Avec Juan Pablo Olyslager, Diane Bathen, Mauricio Armas

Date de sortie en France: 1er mai 2019

Le film débute par une scène étouffante. En pleine nuit, sous une pluie battante, un homme rejoint en voiture une résidence ultra sécurisée. C’est sa maison, mais il ne semble pas y être le bienvenu. A l’intérieur, sa femme et plusieurs membres de sa famille, dont ses parents, l’attendent de pied ferme. Aucune parole n’est échangée, il s’effondre dans son lit, accablé semble t-il de tristesse, de honte… Le film nous dévoile petit à petit la vie complexe de Pablo, tiraillé entre ses devoirs de mari et de père de famille et son amour pour un autre homme, Fernando. Pour sa famille ultra conservatrice et pétrie de valeurs religieuses, l’homosexualité est un scandale, une abomination. Le mot même d’homosexualité n’est pas prononcé car n’est pas même pensable. Tout est entrepris, jusqu’à une solution extrême, pour remettre cet homme dans le « droit chemin », pour sauver les apparences d’une famille traditionnelle.

Tout au long du film, Pablo tâtonne, hésite, est constamment accablé par cette impossibilité de vivre pleinement et sereinement son désir. Toute la dureté de cette vie empêchée et entravée est magnifiquement portée par le jeu tout en intériorité de Juan Pablo Olyslager, superbe dans ce rôle.

A une époque où la lutte pour les droits des couples homosexuels portent ses fruits avec la reconnaissance du mariage dans de nombreux pays, ce film guatémaltèque nous rappelle que cette évolution sociétale majeure est loin d’être la règle, notamment en Amérique du Sud où l’Église défend âprement sa vision de la famille et de la société.

Grâce à dieu

Film de François Ozon

Avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud

Date de sortie: 20 février 2019

François Ozon aborde dans « Grâce à Dieu » un sujet d’actualité brûlant : la pédophilie au sein de l’Église Catholique. Avec beaucoup de tact, le film rend compte du drame vécu par plusieurs victimes du prêtre Preynat (actuellement sous le coup de poursuites judiciaires) et surtout de leur combat acharné pour briser la loi du silence au sein de l’institution représentée par le cardinal Barbarin, autre personnage central du film. L’inaction de l’Église et son incapacité à prendre en compte la souffrance de ces victimes devenues adultes sont flagrantes et elles scandalisent. A quel niveau (justice divine, justice des hommes) de tels crimes doivent-ils être jugés ? Le film rend particulièrement bien compte de cette tension. Par ailleurs, une grande émotion touche le spectateur, grâce l’interprétation magistrale des acteurs, Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud en tête. Ils parviennent à faire comprendre tout le poids du non-dit et des ravages du secret, de la souffrance tue pendant des années. On comprend aussi que les démarches qu’ils entreprennent sont une étape vers une forme de libération et de réparation. Un chemin vers la vérité qui est universel.