Arène de Négar Djavadi et Betty de Tiffany McDaniel

Un coup de cœur et une déception

La rentrée littéraire est l’occasion, chaque année, de découvrir les œuvres d’auteurs inconnus ou confirmés, d’aller à la rencontre de thématiques ancrées dans l’actualité ou de partir en voyage dans des contrées lointaines. J’ai décidé cette année de porter mon choix sur deux titres très différents : « Arène » de Négar Djavadi (éditions Liana Levi) et « Betty » de Tiffany McDaniel (éditions Gallmeister).

« Désorientale », le premier roman de Négar Djavadi paru en 2016, m’avait passionné pour pleins de raisons. La modernité du propos m’avait séduit car servie par un style percutant. J’ai retrouvé avec bonheur les mêmes qualités dans « Arène ». J’ai dévoré les 425 pages de ce roman qui met en scène une impressionnante et très réaliste galerie de personnages ancrés dans leur époque. Nous sommes à Paris, dans l’Est de la capitale, quartiers Belleville, Colonel Fabien, Jaurès. Un monde en soi, tiraillé par de nombreuses fractures sociales et culturelles, merveilleusement décrit par l’auteure. C’est à l’intérieur de ce Paris populaire, loin des attractions touristiques, que les personnages, issus de tous les milieux, se croisent, se percutent, s’ignorent, s’épient. Tout commence par un banal fait divers (le vol d’un téléphone portable) et tout s’enchaîne de façon implacable. Négar Djavadi nous parle des ratés de la politique de la ville, de la montée des communautarismes, de l’influence délétère des réseaux sociaux, de la violence endémique. L’engrenage dans lequel tous sont enferrés fait l’objet d’un récit nerveux et palpitant dans lequel notre modernité hyper-connectée n’en ressort pas grandie. Un coup de maître.

« Betty » est le deuxième roman de la jeune auteure américaine Tiffany McDaniel. C’est l’histoire de la jeunesse de sa propre mère qu’elle nous raconte. Betty est la « petite indienne » car elle est issue d’un métissage. Son père est Cherokee et, dès son plus jeune âge, il la berce de légendes indiennes, l’éduque aux bienfaits de la nature et l’initie à ses mystères. C’est une figure aimante, rassurante. Tout le contraire de sa mère qui, non guérie des blessures de l’enfance, apporte beaucoup d’insécurité dans le foyer. Betty a de nombreux frères et soeurs. Ils affrontent tous la vie et ses difficultés chacun à sa façon. Ils tentent de survivre à l’hostilité ambiante, au racisme omniprésent, mais aussi et surtout aux perversités qui existent au sein même de la famille. C’est un vase-clos qui nous est décrit et je l’ai trouvé, pour ma part, très étouffant. La relation entre Betty et son père est très belle et apporte même beaucoup de poésie à l’histoire. Mais j’ai été assez déçu par le manque d’ampleur du propos. Le roman se résume pour moi à la description d’une famille dysfonctionnelle dans laquelle il est bien difficile de trouver la clé du bonheur.

5 commentaires sur “Arène de Négar Djavadi et Betty de Tiffany McDaniel

    1. « Betty » a fait le buzz pendant cette rentrée littéraire sur les réseaux sociaux notamment. Beaucoup d’éloges qui m’ont donné envie de découvrir ce roman. J’adore la littérature américaine et les thématiques liés au racisme et aux origines indiennes du pays. Je n’ai pas été convaincu ni emporté. J’ai même été un peu énervé par certains aspects du livre. Les goûts et les couleurs…

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